L’idée est très bonne et nous rappelle que la fiction est une vraie arme pour remonter le moral et s’échapper de la réalité. Il nous est proposé un voyage dans le temps, qu’il ait un aspect nostalgique ou fantasmatique. Ainsi, de manière passive on expérimentera avec le client de diverses scènes, de la soirée fatidique précédant la mort d’un proche, à la cour provocante de Louis XVI.
Notre protagoniste, Victor, est désabusé par notre monde contemporain et numérique. Il s’accroche avec coeur à sa passion pour le dessin papier de plus en plus désuet dans le monde du travail. En face, sa femme Marianne jouée par Fanny Ardant. Celle-ci semble restée jeune dans sa tête, au discours cru voire agressif, on se rapproche plus de l’aigreur que d’une fougue retardée. On ne peut en vouloir à Victor d’être déprimé. Marianne est à la fois étonnante et désagréable tout au long du film. Victor répond donc à l’offre d’Antoine, propriétaire des Voyageurs dans le temps. Il veut revivre l’époque où il était heureux avec Marianne, au tout début de leur relation. Pour en faire une prestation de maître, Antoine fait appel à Margot son ex-petite amie mais aussi sa meilleure actrice pour le rôle.
Dans ce film, Nicolas Bedos parcourt tout de même avec finesse l’usure de la relation amoureuse sur deux fronts. Victor et Marianne ne sont pas les seuls à ne plus savoir comment se supporter. Margot et Antoine sont tout autant des êtres chaotiques. J’ai apprécié que les deux restent fidèles à eux-même jusqu’à la fin, un couple moderne et bien atypique, même incompréhensible mais qui tranche correctement avec le grand amour que l’on veut nous vendre. On pourrait cependant se douter que le réalisateur se dédouble dans le personnage d’Antoine, de par son personnage et son ancienne relation avec l’actrice. L’intrusion de ce couple dans le voyage de Victor permet le comique de l’oeuvre, il est dommage qu’il tire sa seule force de là mais c’est suffisant. Malgré cette double-romance, on voit très clairement le personnage d’Antoine s’adonner avec vigueur à la prestation offerte à Victor. Malheureusement, j’ai trouvé ses motivations assez floues. Elles manquent d’approfondissement dans le long-métrage et renvoient juste une volonté forcée pour permettre la cohérence de l’histoire. En effet, on ne le trouve guère convaincant quand il soutient que le protagoniste lui a donné sa vocation…
D’ailleurs on ne s’attache pas nécessairement aux personnages, mais ce n’est pas le but recherché. On se laisse transporter de scène en décor et le spectacle est satisfaisant. Un bon moment de détente et de rêverie en perspective. En outre le film est très beau visuellement, les couleurs de “la belle époque” de Victor sont extrêmement chaleureuses et les décors sont sans défaut, il n’y a pas grand chose à dire de ce point de vue. (Heureusement, c’est le travail d’Antoine après tout).
En revanche, on reprochera au long métrage de Bedos une fin trop prévisible tout comme l’entourloupe d’Antoine, conséquence de sa jalousie maladive et fortement mal placée dans l’histoire à mon sens. On aurait pu s’en passer.
Enfin, La Belle Epoque est une comédie légère et originale de par son concept qui vous laissera forcément un sourire aux lèvres.
Et surtout, mangez des oeufs au sucre !